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Pensées et textes d'un électron libre
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Pensées et textes d'un électron libre
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27 juillet 2013

Anti-concours de nouvelles

Dans le cadre de l'anti-concours de nouvelles du forum des jeunes écrivains francophones, voici ma paticipation et donc mon texte. J'ai opté pour le thème libre, je spécifierai toutefois que l'histoire relate la venue d'un touriste en 2015... à Mons, capitale(iste?) européenne de ... la culture ! Bonne lecture ! Je m'excuse d'avance si vous vous sentez profondément choqués par le vocabulaire employé et la dérision, c'était intentionnel.

Je suis venu, j’ai vu, je suis parti

C’est alors que je voulus lui écrire, à ma femme. Lui dire ce que je faisais. Je ne voulais pas déclencher une scène de ménage pour une lettre qui aurait du être envoyée. Inutile de lui envoyer un mail, les ordis, elle connait pas. Donc voilà, je me suis affalé sur mon lit de la cinquantième chambre d’un hôtel de la ville... Comment s’appelait-elle? Mons. Non, pas l’hôtel, je parlais de la ville, pour sûr. Mon ordi, je le cale sur mes jambes et j’y étends le grand papier du Club et la carte bariolée qui va avec. Bien sûr quelques heures auparavant, j’avais pris le soin d’aller aux Grands Prix – c’est d’ailleurs bien foutu, leur gare, elle mène direct aux magasins - pour prendre ma revanche sur ma femme, voyez-vous, elle, elle passe ses jours de congé dans les bazars à chiffons mais j’aimerais bien qu’elle regarde un peu la télé avec moi. Le foot ne l’intéresse pas, les chiffons ne m’intéressent pas et l’école n’intéresse pas notre fils. Bon dieu, celui-là il va encore doubler. Sais même plus dans quelle classe il est. Putain, encore un an de plus à payer. C’est pas tout, mais j’ai encore c’te lettre à écrire. J’voulais voir du nouveau, moi, mais j’ai pas vu grand-chose. Les gens n’sont pas fort sympas alors qu’on m’avait di l’contrair’. J’cré bien que l’singe sur el grand’place est mieux accepté ! Ben, c’est pas tout, j’mégare là. Donc, quand je suis arrivé à la gare, les emmerdes ont commencé. Y avait trop de monde sur le quai. J’ai du planter des coups de coude pour passer, moi. Et pi, j’suis pas si gros que ça, moi, j’parle pas d’ceux que leur froc craque comme j’en ai vu hier, ceux qui dégoulinent de sueur, parlent très fort, une bière à la main, à s’en foutre plein le bide sur l’avant d’un café. Dans la gare qui flambait neuve - y n’ont pas l’air de s’serrer la ceinture les Gelbes -  en temps de crise, ça fait vilain ; donc je disais, dans la gare, il y avait des cris dans toute les langues, j’étais pas le seul dans les emmerdes, j’pus l’remarquer. J’suis sorti et j’ai compris que j’allais m’emmerder encore plus. Y drachait fort, le ciel pissait ses litres de bière et moi j’devais attendre une fichue navette qui montrait pas le bout de son pif. J’suis rentré tout cru à l’intérieur et j’ai attendu dans la foule. Des gens pressés passaient en hurlant. Y devaient être d’ici. D’autres rangeaient leur chapeau, leurs appareils photos et enfilaient un k-way au-dessus de leur tshirt. Les locaux hurlaient sur les touristes alors qu’c’sont eux qui accueillent. L’heure tournait. J’avais mal aux panards. Oh putain. Puis, des hurlements retentirent, un bus complet était là pour faire la navette vers l’hôtel. J’ai bondi dedans en moins de deux. L’hôtel était bien foutu. Y avait la télé en-face du lit. C’soir-là, les festivités  commencèrent sur el grand’place que j’ai trouvée rapidement. Y avait d’jà blindé d’monde. Un type sur l’hôtel (de ville ) a parlé très longtemps que j’cru bien que j’allais m’endormir.  Mais j’pourrai dire que j’ai rencontré un type drôlement important c’jour-là, il avait sa statue au milieu d’la place. Zério qui s’appelait. J’ai vu que la statue était son double car ils avaient le même nœud pap’ sauf que celui de la statue était gris et que l’sien était mauve. Et sur les photos à la gare, il était rouche. Plus que quelques couleurs et il complèterait l’arc-en-ciel. J’min demande bin si m’ fieu les connait ces couleurs. Non, bon tant pis, ça servira de toute façon pas. Je reprends. Le type au nœud a parlé longtemps. Il a dit qui il était et le reste, j’sais plus. Ah oui, il a dit qu’il était heureux d’ouvrir les festivités. Moi, je m’emmerdais, dans la foule, serré contre une aisselle puante d’un côté, la gueule d’un alcoolo de l’autre et un bambin sur les épaules de son père qui hurlait à tout casser. J’ai jamais aimé la foule. Putain j’avais l’impression de me sentir faible, de perdre mon identité. Tous des voleurs. J’aimais trop avoir l’illusion d’exister. Me sentir vivant l’espace d’un instant. Quand t’es à un match de foot par exemple et que tu hurles à plein poumons. Vite que la foule se dissipe ou j’allais m’énerver. Ou pire, pleurer. Avez-vous déjà un homme qui pleure ? Non ? Tant mieux, j’veux pas me rendre ridicule. Ces sentiments-là, j’préfère les garder pour moi, tiens. Une fois les paroles envolées, c’tait la bousculade générale vers l’autre côté de la place, qu’on aurait cru qu’c’était un ring d’boxe, j’vous l’dis moi. Une femme avait surgi sur une scène et commença à gueuler aigu sous des sports aveuglant et un strombo à t’en péter les globes oculaires. Merde, ils ont tous foncé sur moi, j’ai failli perdre l’équilibre et j’avais envie de vomir. Pas ici. Je me ressaisis et j’ai approché de la mare grouillante jusqu’à voir la femme coincée dans un cintré noir. Cette femme, pas très bien foutue en passant - on dirait qu’elle a reçu une porte dans la tronche – hurlait « Je ne vous oublie pas ». Moi non plus. Je l’ai déjà vue à Las Vegas, à Paris et au Québec. Elle est partout cette femme. Y a pas d’artistes en Gelbique ou quoi ? Après j’suis retourné à l’hôtel et j’y ai passé les jours suivants. La drache n’en finissait pas. Y avait même pas de frites sur la carte ni rien de Belge. Même leurs moules elles venaient de nouvelle Zélande alors qui z’ont la flotte pas loin. El jour suivant, j’ai déniché un macdo. J’ai regardé la télé en pensant à toi, m’femme et à m’fiston. Y a tout d’même eu un jour de soleil dans ce crachin interminable. Là, j’ai fait un p’tit tour dans l’quartier. J’voulais voir du nouveau, j’me suis trompé, les gens sont tous pareils. Personne ne m’a regardé, j’étais un touriste parmi d’autres. Bon dieu, j’aurais voulu crier que j’existe ! Y a personne qui me r’gardait. J’voulais partir. Tout était pareil, les hommes pressés, les gars qui hurlent la nuit sous les fenêtres, les gendarmes partout, les filles qui gloussent et les mioches qui braillent. Un type m’a arrêté. Il voulait m’fourguer des loupiotes pou’ el soir. S’caddie était plein bourré. J’avais envie de le gifler. Mais y avait trop de monde. On devrait mettre les emmerdeurs en prison. Plus loin, y avait un policier qui empoignait un sdf poivrot. Lui aussi on devrait le mettre en prison, j’parle bin du poivrot tiens. J’ai croisé le regard du sdf, ça m’a fait bizarre, j’ai eu la même réaction que le type dans le film de mon fiston, Le Hobbit, j’cré bin qu’ça s’appelle. Le ressenti de Bilbon vis-à-vis de Gollum. Il m’avait regardé, ce que les autres n’ont pas fait. Il échangeait des mots avec el gendarme puis il est r’parti avec son sac et son carton. Je l’ai regardé. Y m’a r’gardé. J’sais pas pourquoi j’suis pas parti. Y m’faisait pitié avec son air de chien battu. « Elle est belle la gare n’est-ce pas ? Il était beau le discours ? Il était chouette le concert ? Mais à côté, d’ça, y consacrent un budget phénoménal pour un accueil colossal alors que nous on va tous quervé d’faim. Y ont détruit une gare pratique, ils rasent un mont pour y mettre un centr’commercial alors que les républicains y ont planté l’arbre de la liberté, c’est vous dire. Etj’peux  vous dire plein d’choses. Moi, j’ai pas eu mon mot à dire et pourtant j’en ai des choses à dire. Au-delà de Mons, y a el Borinach, La Louviér et Charlerwè, c’sont les berceaux des ouvriers, moi j’te le dis, ti. On sent encore maint’nant el misère. Et eux vont bientôt prétendr’ que les terrils ça n’a jamais existé. Moi, j’peux même pas rester ici, j’dois quitter le ville alors qu’y a plein de squats potables. Ça fait sale les sdf’s, ça fait pauvre, on peut pas les voir. Et leurs prisons sont pleines. Quand j’tais gamin, j’pouvais pas ouvrir la bouche et j’ai raté à l’école. Voilà où ça m’a mené. J’y vais, j’ai encore une trotte à faire et j’ai seulement deux heures pour quitter la ville et trouver où dormir. Mais, j’ai une chose à t’dire l’ami, a brinmin estons plus four’.»  Il m’avait retourné, ce type, avec ses mots, sans doute les plus vrais qu’j’ai entendu. Ou bien il était fou. La raison la plus plausible. Après tout, il avait sûrement forcé sur l’pinard qu’était plus à moitié vide queul’contrair’. Alors, j’suis rentré à l’hôtel pour m’allonger une nouvelle fois sur mont lit devant la télé. Les heures sont passées sans que j’pus dire c’que j’ai foutu, j’étais dans n’sorte de coma. Minuit, des gosses hurlaient en-dessous de ma piaule. Minuit et je portais encore mes sandales, mon tshirt e-bay et mes nike. Minuit et l’appel d’un jour semblable.

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